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Double

«Tromperie», Roth-moi d’un doute

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Adaptant le récit de Philip Roth, Arnaud Desplechin choisit de dépeindre l’auteur en confesseur bienveillant de ses conquêtes plutôt qu’en vampire. Avec un Denis Podalydès un peu trop bonhomme et une Léa Seydoux fascinante.
Denis Podalydès et Léa Seydoux, dont il n’est pas exagéré de dire qu’elle porte «Tromperie». (Shanna Besson/ Why Not Productions)
publié le 14 juillet 2021 à 21h06

Des litres d’encre ont été déversés sur la misogynie de Philip Roth, son traitement des femmes, dans ses romans et dans la vie. Encore récemment, la publication d’une biographie très attendue a été suspendue par son éditeur car l’homme choisi par Roth pour l’écrire, Blake Bailey, s’est retrouvé accusé de viols et soupçonné d’avoir été clément avec Roth sur son rapport aux femmes. C’est ce moment précis, où le mouvement MeToo a fait pâlir l’étoile de créateurs tels que Roth, qu’Arnaud Desplechin, admirateur de toujours, a choisi pour adapter son livre Tromperie (Deception en anglais). L’ouvrage est entièrement dialogué, conversations entre un écrivain nommé Philip et quelques-unes de ses maîtresses, au premier rang desquelles une femme mariée anglaise dont il semble piller l’existence et les mots pour nourrir son insatiable appétit d’écrivain – les modalités et la nature de cette transaction, une vieille antienne, seront examinées par le film.

Dans Tromperie, où le cinéaste donne une fois de plus libre cours à son philosémitisme (un peu rare de nos jours, pourquoi pas ?), Philip est joué par Denis Podalydès, l’Anglaise par Léa Seydoux (il n’est pas exagéré de dire qu’elle porte le film), et le choix d’utiliser ces deux figures très référencées, parisiennes, pour incarner un Juif américain et une Anglaise à la coupe de cheveux modelée sur celle de Lady Di (nous sommes en 1987) produit quelque chose d’étrange, un artifice se revendiquant comme tel, ramenant