Intérieur jour. Mobilier design. Petite musique hirsute, notes nasillardes, percussion à main. Des adolescents mal dégrossis, vêtus du même uniforme unisexe (jupe-culotte beige, polo citron) entrent dans le plan. La salle n’est pas un salon d’hôtel mais une classe de leur lycée, établissement d’élite, cher et progressiste (devise : «There is more in you», tu peux toujours plus) dont le réfectoire ne dépareillerait pas dans un musée d’art contemporain. Ragna, Elsa, Fred, Ben et Helen sont venus assister au premier cours de mademoiselle Novak (Mia Wasikowska), nouvelle venue et chantre d’une pratique nutritionnelle qui fait fureur, l’alimentation consciente. «Manger moins pour aller mieux», pourrait-on dire pour expliquer de quoi il retourne, même si on se rend vite compte qu’elle entend régir bien plus que la quantité, et la qualité de ce qu’on doit ingérer : méditation, respiration, chorale, psalmodie de banalités du genre qu’on tartine dans les guides de développement personnel…
Corruption, de malbouffe et de surconsommation
Helen est venue pour lutter contre la crise écologique, Elsa parce qu’elle ne supporte pas d’ingérer des substances étrangères dans son corps, Fred pour améliorer sa moyenne générale (il est boursier, c’est-à-dire pauvre) – voilà qui tombe bien, explique mademoiselle Novak, l’alimentation consciente sert à tout ça, purifier le corps, purifier la tête, purifier la société – société de corps sales et de corruption, de malbouffe et de surconsommation.
Une fois posées les bases de l’enseigne