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Thriller

Cannes 2023 : «Firebrand», portrait de la jeune reine en feu

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Karim Aïnouz fait de Catherine Parr, dernière épouse de Henry VIII, une héroïne politique dans l’ombre de son psychopathe de mari.

Alicia Vikander incarne Catherine Parr, filmée par un Karim Aïnouz aux yeux embués de peinture flamande. (ARP SÉLECTION)
Publié le 21/05/2023 à 22h52

Si y en a un qu’il faut déconstruire, c’est Henry VIII – on emprunte à une collègue sa saillie sur Richard Cœur de Lion, qui sied assez idéalement à ce rutilant thriller à la cour des Tudor, apprêté de lumière sublime et d’une forme de récit empruntant au conte autant qu’au tract édifiant sur l’iniquité de l’Occident. Son sujet central est Catherine Parr (Alicia Vikander), sixième et dernière femme du Barbe-Bleue anglais, qui lui a survécu miraculeusement malgré un complot à la Cour et un mandat d’arrêt pour hérésie. Les yeux embués de peinture flamande, le Brésilien Karim Aïnouz (prix Un certain regard en 2019 pour la Vie invisible d’Eurídice Gusmão), la raconte en héroïne politique de l’ombre, partisane du droit du peuple anglais à disposer de lui-même, et prête à tout pour utiliser son statut de reine consort pour les concrétiser («Quel intérêt d’être reine si je n’ai pas le courage de mes convictions ?»). Y compris l’attisement de la fureur de l’ogre : en son centre, Firebrand est un assez bon film d’angoisse, chaque apparition du roi psychopathe prétexte à des montées de stress dignes d’un film de mafia. Jude Law excelle à la tâche, cinglant et maladif, étonnamment à l’aise sous son gros ventre épanoui,