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Cannes 2023 : «Un prince», à flore de peau

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Un alter ego de Pierre Creton apprend l’amour et l’horticulture dans une ardente et pudique autofiction.
«Un prince» nous fait suivre les pas de Pierre-Joseph, une copie jeune et au sourire insondable de Pierre Creton. (JHR Films)
publié le 20 mai 2023 à 9h15

Pierre Creton, avec son équipe, à la Quinzaine des cinéastes : de quoi se réjouir, comme d’une audace de programmation qui ne devrait pas, dans un monde idéal, en être une. Passé la bonne surprise, c’est l’évidence : qu’il y en aurait, qu’il y en aura, à Cannes et ailleurs, partout où il ira, pour aimer ce film avec passion. Un prince, de son rythme rapide, parce qu’il file aussi vite que toute une vie, emporte les cœurs dans sa course. L’auteur de Va, Toto ! (2017), de l’Heure du berger (2008), entre autres, artiste artisan, travailleur du film, de la terre et du miel – là-haut dans ce pays de Caux dédoublé dans ses œuvres en territoire de fiction, parallèle ou perpendiculaire au réel, pas loin des falaises – y raconte quelque chose (ou une foule de choses, mille histoires) qui s’approche de sa propre existence.

S’y invente une forme d’autobiographie, d’autofiction ou ce qu’on voudra, mais avec la distance pudique du discours indirect libre. Le film se lit sous nos yeux, se dévore, il se dévore lui-même et nous avec, c’est un film lu plus que parlé. Chez Pierre Creton souvent, l’horizon de la forme est le livre : déjà les split-screens de Va, Toto ! évoquaient des doubles pages. Rien de tel ici, mais le film, dans son ensemble, est comme fou de récit. Tout a lieu dans le rapport entre des voix qui racontent les choses, sous forme