Tût tût, Coppola et son film maudit. A Cannes cette année il y a encore plus fort : Mao Xiaorui. Ce personnage de cinéaste chinois a la bonne idée de dépoussiérer ses disques durs et de terminer un film abandonné dix ans plus tôt en en relançant le tournage dans la région de Wuhan, en janvier 2020. An Unfinished Film, de Lou Ye (Suzhou River, Une jeunesse chinoise), met en scène le malheureux Mao Xiaorui dans un faux making-of documentant les effets de la pandémie sur le second tournage, vite avorté dans un hôtel où l’équipe se retrouve confinée. On soupçonne Xiaorui d’être un double de Lou Ye, et les nouvelles séquences d’être tirées d’une expérience vécue, mais rien ne l’affirme, An Unfinished Film jouant avec le statut des images qu’il nous présente jusqu’à la perplexité, mêlant anciens rushes sûrement tournés par Lou Ye, faux docu caméra à l’épaule, conversations filmées par messageries interposées et vidéos qui ont inondé Internet pendant l’épidémie.
Version hardcore
L’on rencontre Xiaorui au moment où il déterre son vieil ordi (émotion presque comique de l’équipe se rendant compte que la bécane tourne toujours dix ans plus tard, autant dire une éternité) et tente de convaincre, rushes à l’appui, son comédien principal (Hao Qin, vu en 2009 dans Nuits d’ivresse printanière) qu’il y a toujours dans ce trio amoureux masculin une belle promesse à réaliser. L’équipe a pris dix ans dans la figure et quelques kilos au passage, l’on devine que le comédien est d