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Libération
Semaine de la critique

Cannes 2024 : «Baby» de Marcelo Caetano, daddy moi oui

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Solaire et sensuel, le deuxième film du Brésilien Marcelo Caetano narre la relation entre un jeune délinquant et l’homme mûr qui le prend sous son aile, entre exploitation et passion.
On doit à la beauté des acteurs (João Pedro Mariano, juvénile, et Ricardo Teodoro, profil aquilin d’empereur perse) l’intensité libidinale qui circule à l’écran. (EPICENTRE FILMS)
publié le 21 mai 2024 à 20h00

Arrête de faire ton baby, Baby. 18 ans, tout juste libéré d’un centre pénitentiaire pour mineurs, le jeune héros du deuxième film de Marcelo Caetano (après Corpo Elétrico) a plus d’un alias. Mais c’est celui-ci qui lui collera à la peau, aussi fort, aussi beau que l’aime cet homme d’âge mûr qui l’a pris sous son aile et l’appelle ainsi pour la première fois. Les rapports avec l’homme en question, Ronaldo, ne sont pas clairs. Un peu mac, un peu mentor, macho au cœur d’artichaut, daddy possessif, c’est lui qui sauve le jeune délinquant (en réalité prénommé Wellington) de sa dérive dans les rues de São Paulo, et l’initie aussi bien au deal qu’à la prostitution. Une relation d’exploitation consentie et tout à la fois dictée par l’urgence matérielle, Wellington n’ayant nulle part où aller, abandonné par ses parents à sa sortie de prison.

Beauté des acteurs

Qui s’empresserait de vouloir déduire le lien de domination entre Wellington et Ronaldo sera aussitôt mis en déroute par le film, et ce qu’il accomplit superbement : la peinture d’une relation sans lecture schématique possible, car nul désir n’existe sans mélange. L’équivoque est en germes dès la première rencontre, scène magnifique dans un cinéma porno gay où Ronaldo tapine dans l’obscurité parmi les spectateurs en rut, tape dans l’œil de Wellington et le repousse quand il réalise qu’il n’a pas un rond. Le film les regardera se recueillir et se rejeter, s’adopter et se protéger, s’offrir à l’autre et se reprendre, habillés-déshabill