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Libération
Un certain regard

Cannes 2024 : «Black Dog», toutous et chaos

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Dans une Chine en ruines peuplée de gangs et de meutes de chien, Guan Hu signe une charge contre le régime, dans un film un poil nébuleux mais fort de quelques scènes formidables.
Lang (Eddie Peng) et son ami lévrier. (Memento Distribution)
publié le 18 mai 2024 à 17h33

Il va falloir en passer, une énième fois, par la comparaison avec Mad Max. Pour le héros trouble, mutique, et solitaire. Pour le décor de désert et de vestiges d’un passé moins âpre que le présent. Pour les gangs à moto, les convois de véhicules soulevant des nuages de poussière, les chefs de clan excentriques (un certain «Boucher», qui élève des serpents pour leur viande et leur venin), les accidents de camion en grand angle, une tempête de sable qui va préciser tous les enjeux du récit… Black Dog n’est pas en soi un film de genre mais son réalisateur, Guan Hu, a donné dans le film de guerre et le film rock, et regarde son pays, la Chine, comme une aberration éminemment cinématographique. De fait le décor de Black Dog est dingue et naturellement post-apocalyptique, agglomération de semi ruines et terrils surmontés de belvédères miteux d’où observer les paysages à perte de vue du désert de Gobi rendu plus surréaliste encore à l’heure où revient Lang (Eddie Pang, la boule à zéro), puisqu’un grand projet de refonte urbaine a fait fuir nombre d’habitants qui ont abandonné les rues aux chiens.

Amitié avec un lévrier anthracite

Errant en meutes plus ou moins anxiogènes (selon la race), bichons, labradors et autres bâtards inquiètent la municipalité, jettent le discrédit sur le régime à quelques semaines de la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Beijing, et font sortir de route le bus qui ramène l’enfant du pays, ex-star locale du rock devenu repris de justice suite à un meurtre auquel