Sale temps pour les nepos. Les dynasties de stars ne font plus rêver le peuple, les filles et fils de sont méchamment discriminés. Marcello Mio serait-il la tentative héroïque de Christophe Honoré de venir au secours de l’une des plus emblématiques de notre cinéma, Chiara Mastroianni ? La première scène du film, drôle, lui en met plein la face, la comédienne grimée en Anita Ekberg et shootée dans la fontaine de Saint-Sulpice, des tombereaux d’eau sale projetés par un ventilo. La suite du film la cajole plutôt, sans se soucier d’un procès en indécence comme on en voit fleurir désormais à la seconde où un enfant de la balle évoque publiquement ses souffrances.
L’idée de Marcello Mio est de précipiter Chiara dans une sévère crise d’identité. Dans le miroir de la salle de bains, elle reconnaît son père, à en oublier sa mère et elle-même, et entreprend de le réincarner. Belle inspiration : partir du visage de l’actrice, dans lequel sont fondus ceux de Marcello et Catherine, pour raconter une histoire de dysphorie au milieu des images et du cinéma.
Deneuve, Biolay, Luchini, Poupaud et Sandrelli dans leur propre rôle
Malheureusement, Marcello Mio ne s’autorise à divaguer dans ces eaux théoriques que ponctuellement, pour se complaire dans un vaudeville mondain où Deneuve, Biolay, Luchini, Poupaud et même Stefania Sandrelli, dans leur propre rôle, s’agitent autour de Chiara-Marcello sans jamais faire surgir le trouble dans l’exofiction. Une seule scène perturbe ce film qu’on aurait rêvé de voir écrit par Charlie Kaufman : celle où Catherine embrasse sur la bouche sa fille, qu’elle avait confondu un millième de seconde avec son amant depuis longtemps évaporé.