Menu
Libération
En compétition

Cannes 2024 : «Diamant brut», l’île de l’ostentation

Article réservé aux abonnés
Le premier long métrage d’Agathe Riedinger, qui lance la compétition, met en scène Malou Khebizi en apprentie bimbo du sud.
Liane (Malou Khebizi), cagole de Fréjus. (Pyramide Films)
publié le 15 mai 2024 à 19h46

Qui dit premier film de la compète, dit offrande sacrificielle. Un corps, d’abord, celui d’une fille rebelle qui veut marcher sur le monde, interprété par une actrice inconnue – elle joue pour la première fois. Menant le film à bon port et très ingratement lookée, Malou Khebizi porte un premier film français qui en rappelle furieusement un autre, anglais celui-là : c’était en 2009 et ça s’appelait Fish Tank, par Andrea Arnold, que la cinéaste Agathe Riedinger cite en modèle. Son Diamant Brut aussi raconte la rage de s’échapper d’un milieu sans issues, hisser les voiles loin de la mère irresponsable et du HLM bordé de terrains vagues, quelque part à Fréjus. Beauté siliconée, façonnée pour les likes Instagram, Liane court les castings et se sait née pour rejoindre «Miracle Island», télé-réalité où l’on est bimbo par choix, élue pour la vie d’influenceuse de luxe et l’amour-haine déversé par les fans.

On sent le film soucieux de ne pas juger, ou s’empêchant très fort de le faire. Le constat posé sur cette hyperféminité clinquante, pourtant, est sans appel : à travers elle, c’est naturellement le mal-être et la détresse qui parlent. Croyant s’embellir dans une scène de supplice, l’héroïne se scarifiera la peau (le travail du film sur le mystique, martelé par un orchestre à cordes, n’est pas ce qu’il tente de plus fin). Aux fantasmes d’émancipation de Liane, une scène