Une eephus n’est pas un animal ni un dramaturge oublié de la Grèce antique mais une manière de lancer la balle au baseball qui se caractérise par sa fausse négligence et sa trajectoire en courbe, et l’état de confusion dans lequel elle jette le frappeur qui éprouve les plus grandes difficultés à décider quand s’élancer. Carson Lund, chef opérateur et réalisateur au cœur d’Omnes Films, collectif de cinéastes indépendants qui monte à Los Angeles et compte également dans ses rangs Tyler Taormina, en fait le titre, et le motif central de son premier long métrage. Mais qu’on ne prenne pas son choix d’un mot rare pour de la pédanterie et sa placidité pour de la mollesse : Eephus est un film véloce et vif qui dit beaucoup sur les Etats-Unis et les désirs de cinéma qui agitent la génération qui arrive.
«Le baseball, on attend pendant des heures que ça commence et paf, c’est fini», dit un personnage, plus enthousiaste qu’il n’y paraît. L’histoire d’Eephus en est à peine une. Dans une petite ville de Nouvelle-Angleterre, dans les années 1990, deux équipes amateurs, les Riverdogs et les Adler’s Paint, s’affrontent pour la dernière fois. Une voix à la radio (Frederick Wiseman au caméo vocal) l’annonce en préambule, le terrain va bientôt être détruit pour faire place à une éco