Nouveau contre-pied de Jacques Audiard à son cinéma, Emilia Perez débarque à Cannes en s’annonçant comme du jamais-vu. On confirme. Tout en saisissant intuitivement pourquoi aucun auteur français, jusqu’ici, ne s’était réveillé un matin foudroyé par la nécessité d’écrire une comédie musicale sur la transition de genre d’un baron de cartel mexicain.
Les Olympiades exhalait déjà un sentiment d’arbitraire. Mais rien de comparable à la démonstration de force de cette superproduction déroulée dans la capitale mexicaine, tournée en espagnol dans un studio d’Ile-de-France avec zéro tête d’affiche mexicaine dedans. Zoé Saldana interprète Rita, qui trime dans une Mexico gangrenée par la corruption. Elle est avocate mais précaire dans un gros cabinet, ses talents mis au service du blanchiment de criminels. Un jour, un narcotraficant (l’actrice trans espagnole Karla Sofía Gascón) la kidnappe pour qu’elle l’aide à changer de sexe. S’étant fait passer pour mort auprès de sa famille pour embrasser sa nouvelle vie de femme, le dénommé Manitas voit la lumière et renaît en Emilia Perez. Laquelle fonde une association de bienfaisance au bénéfice des victimes du narcotrafic, et s’arrange pour que ses enfants et sa jeune «veuve» volage (Selena Gomez) emménagent auprès d’elle, se faisant passer pour une parente éloignée.
«Vaginoplastie ! Rhinoplastie !»
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