Bien que le Festival ait remis une palme d’honneur au studio Ghibli cette année et en dépit de quelques passages de films d’animation mémorable (les Triplettes de Belleville, Valse avec Bachir, la Tortue rouge…), Cannes n’est pas vraiment identifié sur la carte de la cinéphilie comme un haut lieu du genre. Cette année, en compétition officielle, on attend la Plus Précieuse des marchandises de Michel Hazanavicius, dernier film à être projeté avant que le jury ne rentre dans la chambre secrète des délibérations. Dans la section Un certain regard, Flow d’un cinéaste letton, Gints Zilbalodis, stupéfie. L’action se déroule dans un monde dont les humains ont complètement disparu, la nature a repris ses droits et ne subsistent ici ou là que quelques somptueuses ruines qu’une inexorable montée des eaux est en train peu à peu de recouvrir. Seuls êtres vivants, des oiseaux, des cerfs, des poissons, des lémuriens, un capybara, et d’anciens animaux domestiques, des chiens et surtout, héros du film, un chat noir qui va devoir apprendre à survivre face à l’hostilité aquatique. Un bateau opportun vient le sauver de la noyade assurée et il doit apprendre à coexister avec d’autres occupants dont il ne partage ni les habitudes ni le même régime alimentaire.
«Appartenir à un groupe»
Flow est entièrement muet, le cinéaste s’étant refusé à l’habituel anthropomorphisme des récits animés et toute son équipe a travaillé les détails des mouvements et attitudes des différents types d’animaux représ