On prévoyait que Grand Tour nous balade et nous éblouisse. Notre prérogative de spectateur cannois arrivé aux deux tiers d’une compétition officielle déstabilisante à force d’alterner les pas grands choses et les coups de massue dans le bide, et de spectateur amoureux du cinéma de Miguel Gomes – une pensée flash pour les beautés inouïes de Tabou ou l’odyssée proliférante du triptyque les Mille et Une Nuits suffisait à faire ressurgir l’enthousiasme et l’impatience à l’approche de la projection. Mais Grand Tour nous refuse les deux, le dépaysement et l’émerveillement. La faute à sa conception contrainte, peut-être, puisque le projet initial d’un film tourné parallèlement sur la route entre la Birmanie, la Chine, le Vietnam, le Japon, Singapour et les Philippines et en studio à Lisbonne et Rome, a été interrompu pendant deux ans par la pandémie ; à l’écran, l’hybride imaginé («sorte de found footage du présent qui nous servira à établir des liens avec ce qui se passe dans le passé, en 1918, dans une Asie imaginaire recréée en studio») ne trouve jamais sa forme ni sa cohérence, la jonction loupée entre le travelogue en 16 mm, au présent, et la fiction historique en costume comme une balafre qui ne cicat
En compétition
Cannes 2024 : «Grand Tour» de Miguel Gomes, colons irritants
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Les saynètes en costume ont l’air d’illustrer les cartons lus en voix off. (Shellac)
par Olivier Lamm
publié le 22 mai 2024 à 20h26