Nous sommes chez le fleuriste. Une femme au chic bourgeois dodeline de la tête en entendant un crooner à la radio, tente même quelques pas de danse, au risque d’être tarte. Elle peut : elle est sûre d’elle, comme dans une pub des années 80. Elle est madame Foldingue, ce type social, et ici d’autant plus perchée qu’on la voit à l’envers dans le plafond miroir. Introducing Isabelle Huppert dans le rôle d’Alma, grande bourge qui a les moyens d’être excentrique, d’être même capricieuse, voire, qui sait, généreuse. Bientôt, elle va rencontrer Mina (Hafsia Herzi), qui fait mine de s’évanouir au parloir de la prison, parce qu’on lui refuse une visite à son mari, à l’ombre pour un braquage. Elle s’en va dormir avec ses sacs plastiques sur le banc d’un arrêt de bus avant de pouvoir rentrer chez elle, dans une cité à deux heures de là. Autre versant du cinéma français, autre chorégraphie du corps, plus lourd, plus encombré : le drame social, incarné, naturaliste.
Des hommes accessoires
Ces deux-là, les personnages et les cinémas, vont se rencontrer et s’apprécier un temps, dans la Prisonnière de Bordeaux, nouveau long métrage de Patricia Mazuy, lorsqu’Alma décide, comme ça, sur un coup de tête, parce que ça l’amuse et ça la distraie, d’héberger la seconde, avec tous ses sacs et bientôt ses enfants, dans son grand hôtel particulier plein d’art contemporain. Mina dit d’Alma qu’elle est «sa codétenue», et si n’est pas tout à fait ça, il est vrai qu’Alma l’accueille parce qu’elle se sent seu