L’émotion contenue dans le dernier film des frères Larrieu est à la mesure de son apparente légèreté. Adaptant un roman de Pierric Bailly, qu’on jurerait écrit pour eux, les deux cinéastes français signent un mélodrame sur la paternité qui laisse les trémolos à la porte mais déchire le cœur en mille morceaux au moment venu. On s’étonnera de n’y trouver quasiment que des scènes de bonheur, rapportées à la vie ordinaire, simplissime. Une félicité montagnarde que le duo pyrénéen a toujours pratiquée dans un cinéma réputé sensuel et libertaire. Il s’agira cette fois de manœuvrer dans la mélancolie, distribuer les coups du sort sans renoncer à vivre de loufoquerie et d’eau fraîche.
Sans chichis sans calcul
Les paysages du Haut-Jura font décor à la trajectoire d’un homme, dénué de vocation ou de destin, du genre à aller là où le vent souffle, bonne pâte, sans chichis, sans calcul. Dans sa jeunesse, Aymeric s’est fait gauler pour un petit délit qui lui a fait purger une peine de prison. A la sortie, il retrouve une ancienne collègue enceinte jusqu’aux yeux, laissée en plan par le géniteur de l’enfant à naître. Il n’y réfléchit pas à deux fois avant de tomber raide amoureux et élever cet enfant comme le sien. Le petit Jim grandit dans un cocon aimant, pas le moins du monde concerné par l’existence d’un père biologique jusqu’à ce que ce dernier refasse surface. Rétrogradé au rang de «parrain», Aymeric est cruellement remplacé dans la vie de Jim et devra se reconstruire sans lui. On apprend dans le film que le