Très attendu, ou follement espéré, les Reines du drame arrive à Cannes en troupe, toute une bande sur la Croisette autour d’Alexis Langlois et de son premier long métrage, acteurices, techniciens et techniciennes, amies. Non pas pour dire qu’iels ont la classe, ou que le cinéma est un art collectif, les deux vont sans dire (et puis la hype c’est du travail). C’est que quelque chose porte le film, une force – le contraire d’«en force» – qu’on appellera faute de mieux, générationnelle, queer, politique, puissance intime et commune en même temps. Or le cinéma de tout ça, il fallait le faire, il n’était pas donné d’avance. Il allait falloir à la fois tout péter et construire, composer : un récit, un spectacle, une bande-son, un long (après quelques courts déjà cultes, mais qui étaient des gestes nets, sans l’épreuve de la durée). Le résultat, les Reines du drame, est un hyperfilm, comme il y a de l’hyperpop, fait avec tous les moyens du bord et un désir dingue d’exister. Sa forme est au bord du craquage, à tel point saturée d’autres formes, reprises, refabriquées. Refaites, comme ses héroïnes. A mise en scène botox, scénario gossip : l’histoire elle-même, à l’intérieur du film, est racontée, redite, rapportée ou colportée, décomposée en dix versions.
«Starlettes en herbe»
C’est le youtubeur Steevy (Bilal Hassani : génial), ex-fan des années 2000, qui en 2055 fait son come-back en ligne pour nous conter l’épopée, des décennies plus tôt, de l’histoire d’amour hardcore entre Mimi Mad