En 2016, Donald Trump était élu à la présidence des Etats-Unis, érigé en défenseur des prolétaires blancs américains sur fond de nationalisme ethno-racial. Au même moment, le cinéaste Raoul Peck revisitait la vie de l’écrivain antiraciste James Baldwin avec un documentaire tombé à point, I Am Not Your Negro. Consacrant cette fois un film à l’un des premiers photographes noirs d’Afrique du Sud, le méconnu Ernest Cole qui documenta les horreurs de la ségrégation dans son pays, Peck montre encore un sens du timing troublant. Depuis son abolition en Afrique du Sud, rarement le mot «apartheid» aura en effet été aussi présent dans l’actualité, soumis aux interprétations de droit et au débat public, que ces derniers mois de guerre à Gaza. Collision fortuite, mais qui renforce les effets de vertige procurés par ce nouveau documentaire, hanté par la question de ce qu’il était tolérable d’ignorer à l’époque pour la communauté internationale, avant la chute du système d’apartheid en 1991.
Publié à 27 ans en 1967 avec un livre choc censuré dans son pays, House of Bondange, c