On les connaît, ces couples qui veulent toujours faire mieux que tout le monde. Ale et Alex sont peut-être de ceux-là : ensemble depuis quinze ans, ils ont décidé de fêter leur séparation avec une grande fête, et les voilà annonçant encore et encore à leurs proches interloqués voire en pleurs que «non, tout va bien, ça sera comme un mariage, mais à l’envers». Combien de temps le cinéaste Jonás Trueba peut-il moduler cette ahurissante situation d’annonce sans lasser, au cours des deux heures de Septembre sans attendre ? Combien de temps ce défi d’une fête peut-il constituer pour les intéressés une digue contre la tristesse ? Et nous, spectateurs, en voudrons-nous finalement à Ale et Alex de se séparer vraiment, étant attendu que la situation laisse espérer autre chose, ou plutôt de nous avoir menés en bateau, si finalement ils se retombent dans les bras ?
Montage fugace de plans fixes
Porté par une Itsaso Arana à son maximum de Katharine Hepburn et un Vito Sanz modulant une bonhomie à la James Stewart (les comédiens sont aussi coscénaristes), Septembre sans attendre, le huitième long métrage de l’Espagnol Jonás Trueba, est une comédie drolatique qui cache son jeu, déployant peu à peu, sous ses habits empruntés de film de remariage (ça, on verra), une poignante méditation sur le temps qui passe, ce qu’il reste à sauver, et la manière dont le cinéma peut en rendre compte.
L’idée de cette fête vient du père d’Ale, joué par le propre père du cinéaste, Fernando Trueba, qui a passé sa jeuness