Sous les affiches, la rage. Le Festival de Cannes se réveille constellé d’affiches, ce dimanche 19 mai, après une action de collage nocturne revendiquée par le collectif Tapis rouge colère noire. Après une action déjà remarquée lors de l’édition 2023, les colleuses et colleurs ont repris leurs placards et leurs rouleaux pour rappeler pêle-mêle la guerre à Gaza, les émissions de CO2 engendrées par le festival, l’insuffisante prise en compte du mouvement #MeToo. Et pour appeler Thierry Frémaux à lâcher les rênes du festival, lui qui en occupe des postes de direction depuis 2001. «M. Frémaux, ça fait 23 ans, il faut partir maintenant…», clame l’une des affiches.
C’est bien le délégué général du festival de Cannes qui est principalement dans le viseur, après qu’il a déclaré mardi à la presse avoir «décidé de faire un festival sans polémique». «Vouloir un festival de Cannes sans polémique, ce n’est pas tenir une prétendue position de sagesse ou de neutralité le temps de célébrer le cinéma. Au contraire, vouloir un festival sans polémique c’est un engagement politique, c’est une attaque contre un certain monde au profit d’un autre, c’est un acte de violence contre toutes les personnes qui prennent part à ces mouvements, qui font le cinéma et plus largement contre la société elle-même», rétorque Tapis rouge colère noire dans un communiqué.
«Nous sommes sincèrement désolé.es de venir vous déranger dans votre monde clos»
«En réaction à ce cynisme et à leur croyance selon laquelle le monde du cinéma peut détourner les yeux et ignorer le réel, nous avons décidé de nous exprimer à nouveau sur les murs de Cannes», poursuit le collectif, se disant «désolé que la guerre soit là et que le génocide en cours à Gaza dépasse ses frontières», que «la domination subsiste dans nos institutions et sur les plateaux de cinéma», pour «les viols, les féminicides, le racisme et le patriarcat» ou encore que «la précarité demeure, que des gens soient sous payés, qu’il faille encore se battre pour des conditions de travail dignes dans le plus grand festival du monde».
«Nous sommes sincèrement désolé.es de venir vous déranger dans votre monde clos, désolé.es que de temps en temps des lacets se défassent, que des pigeons s’oublient aux têtes de vos statues, que la sueur vous perle sous des soleils trop chauds et que parfois des escarpins de velours se prennent les pieds dans des tapis trop lourds, cingle Tapis rouge colère noire en conclusion. Le monde est là M. Frémaux, tout autour, ce matin sur les murs aussi et il n’est pas aussi lisse et contrôlé que le visage de Cannes.»