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Libération
Un certain regard

Cannes 2024 : «Vingt Dieux» de Louise Courvoisier, prix spécial du Jura

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S’inspirant du lieu et de l’entourage de son enfance, la jeune cinéaste signe un premier film authentique et intelligent, chronique du milieu agricole, avec deux comédiens non professionnels fabuleux.
Clément Faveau, qui joue Totone, est, dans sa vraie vie, apprenti éleveur de volailles. (Pyramide Films)
publié le 19 mai 2024 à 17h18

Une histoire de mouise et de fromage amalgamés dans la mixture du réel et de la fiction par une toute jeune réalisatrice qui s’inspire ici des lieux, situations et gens de son entourage primordial, là où elle a grandi : «On tournait dans mon village, une partie de l’équipe dormait chez moi… L’équipe était composée autant de techniciens que de membres de ma famille et de gens de la région.» Après plusieurs projections à subir du poids lourd auteuriste en plein ego trip d’avant-gardisme chic, le film faisait l’effet d’un coup de frais, comme si tout à coup on reprenait pied dans une expérience un tant soit peu compréhensible ou partageable plutôt que de voler en drone au-dessus d’imaginaires en état de décomposition avancée.

Reprenons depuis le début : Totone, 18 ans, se retrouve du jour au lendemain en charge de sa petite sœur et de lui-même après que le paternel, ivre après un karaoké, s’est embouti dans un arbre. Le gamin est plus intéressé par les virées avec ses deux meilleurs amis que par toute forme de travail, mais il lui faut assumer ses responsabilités dans un environnement où tout le monde se dit prêt à aider mais n’a pas une thune à lui donner. Engagé pour la tournée laitière de ferme en ferme, il fait la rencontre de Marie-Lise, qui a à peu près le même âge et a hérité d’une grosse ferme qu’elle mène au pas de charge. Totone couche avec elle, mais lui vole aussi son lait quand il se met en tête de fabriquer son propre comté dans l’espoir de décrocher un prix