D’abord il y a la vision d’un hameau perché. Une grappe de maisons igloos posées sur des structures en escalier, au-dessus des nuages. Sur ces plateformes, des familles jouissent d’un idéal pastoral hors-sol. Il y a des oies, des vergers, c’est un Eden. Sauf pour un petit garçon, Arco, trop jeune pour avoir le droit de quitter les lieux. Il voudrait enfiler les capes arc-en-ciel de ses parents, voler, et sillonner le temps. Il veut aller voir les dinosaures. Alors, à l‘aurore, il pique l‘attirail de sa frangine et se précipite dans le vide. Alice pénétrait dans le terrier à quatre pattes, Arco y tombe comme une pierre. Arco aurait pu s’ouvrir sur cette chute. C’est là, dans son combat contre la gravité, que le film d’animation prend son envol. A mesure que son corps disparaît dans les replis de sa cape qui claque au vent, la silhouette du gamin s’étire, il se change en arc-en-ciel, se réduit à l‘état de trait lumineux, de coup de crayon.
En une poignée de livres, Ugo Bienvenu est devenu une des grandes figures de la bande dessinée française. Sans être complètement du milieu. Garçon pressé qui ne s’envisage pas autrement qu’en homme-orchestre, Bienvenu, 38 ans, est connu pour ses livres mais a une formation d’animateur. Passé par les Gobelins, par CalArts aussi (l’école