Mais oui c‘est ça, on avait bien lu. L’humoriste Thomas Ngijol sélectionné à la Quinzaine, devant et derrière la caméra pour un premier long métrage «sérieux» qui rompt avec le registre potache de ses comédies Case départ, Fastlife et Black Snake, quoique toujours inscrit et engagé dans l’expérience africaine. On connaissait les polars chinois devant bols de nouilles fumantes, pas encore le polar camerounais devant n’dolé et assiettes de bobolo. C‘est sans doute ce déplacement intéressant qui a tapé dans l’œil des programmateurs de la Quinzaine, sans qu’il modifie pourtant en substance les ressorts de genre très conventionnels de ce thriller policier situé à Yaoundé.
Passages à tabac
Un commissaire tente de résoudre le meurtre d’un collègue abattu d’une balle près du cœur. Pas de mystère particulièrement tortueux, ni de rebondissements sophistiqués à signaler ici, c‘est que l’enjeu réside ailleurs. Dans le portrait austère d’un flic craint par ses enfants, incapable de les aimer autrement qu’en les élevant à la baguette. Mais aussi dans la description de la société camerounaise qui révélera scène après scène ses fléaux endémiques – néant de moyens publics, quartiers insalubres où prospèrent vols et trafics, méthodes tortionnaires de la police qui arrache leurs aveux