Est-ce qu’ils peuvent sourire pour les photos ? Non, les photographes qui les shootent à la queue leu leu préféreraient qu’ils restent «very serious». Ça donne un drôle de résultat, de voir le trio de cinéastes ukrainiens avec leurs mines super graves, tandis qu’une assistante photo survoltée les évente avec un grand panneau réfléchissant pour mettre du mouvement dans leurs cheveux. A l’évidence, Cannes est une terre de contrastes, mais c’est encore plus vrai quand on arrive d’un pays déchiqueté par la guerre.
Simon Mozgovyi, Yelizaveta Smith et Alina Gorlova sont venus présenter Militantropos, leur fascinant documentaire aux allures de manifeste sélectionné à la Quinzaine des cinéastes. Ils signent la réalisation à trois, au nom du Tabor Collective, la boîte de prod qu’ils ont créée il y a douze ans. Les trentenaires sont de cette «première génération à avoir grandi dans une Ukraine indépendante», dit Yelizaveta Smith, alias Liza. Une génération post-soviétique façonnée, «en tant qu’humains et que cinéastes», par la révolution de Maidan en 2014.
Restons palme
Militantropos – néologisme qui veut dire pour eux «ce que l’expérience de la guerre fait aux humains» – est un film sans personnages principaux, sans voix off ou lieux véritablement identifiés. Plutôt une série de moments collectés, qui disent l’adaptation des corps et des esprits à la nouvelle normalité qui a pris possession du quotidien, une collection qui dresse le «portrait colle