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Libération
Critique

Cannes 2025 : «Eleanor the Great» de Scarlett Johansson, un premier film à fleur de pipeau

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D’abord passionnant, le long métrage de l’actrice, sur une vieille Américaine s’appropriant l’histoire d’une amie déportée lors de la Shoah, finit par tomber dans le mélo banal. Dommage.
Eleanor, 93 ans, se retrouve à raconter comme si c’était la sienne l’histoire de Bessie, sa meilleure amie récemment disparue.
publié le 21 mai 2025 à 15h36

Par un mélange de hasard et d’irruption du refoulé, Eleanor, nonagénaire, se retrouve à raconter comme si c’était la sienne l’histoire de Bessie, sa meilleure amie récemment disparue avec qui elle vivait en Floride depuis des années. Bessie est née en Pologne dans les années 1920, elle est une survivante de l’Holocauste qui après avoir fait ses adieux à sa mère sur le quai d’Auschwitz a assisté au massacre de son frère. Echappée d’un train, elle est arrivée à New York dans les années 1950 où, à l’instar de centaines de milliers de juifs européens, elle a enfermé son histoire à double tour dans sa mémoire.

Marécage de mensonges

Ce parcours de vie qu’Eleanor rapporte à un groupe de soutiens de survivants de la Shoah, de la même manière que Bessie le lui avait confié dans l’intimité d’une insomnie, tout le monde s’accorde à le trouver «précieux», à préserver à tout prix par l’inventaire d’un témoignage. En premier Nina, étudiante en journalisme, et son père Roger, présentateur star d’une quotidienne sur une chaîne d’informations en continu. Empêtrée sans se rendre compte des possibles conséquences dans un marécage de mensonges, Eleanor de toute manière ne s’intéresse plus qu’à son amitié naissante avec Nina, métisse, juive par sa mère récemment décédée, qu’elle emmène à la synagogue, envisageant de tenter quelque transmission des traditions, que préfère ignorer son petit-fils, à la jeune athée, quand bien même Eleanor est elle-même une juive convertie, née à Des Moines, Iowa.

De quelle manière