On ne s’étonnerait pas d’apprendre que Pedro Cabeleira, qui présentait son second long métrage à l’Acid samedi soir, entouré de son casting de radieux jeunes gens, ait boulotté tout The Wire (Sur écoute) en boucle ou voue une admiration pour les premiers James Gray. Entroncamento, c’est l’étude panoramique d’une vie de quartier, où le regard se porte intensément sur une constellation de personnages et les mécaniques sociales qui s’exercent sur eux, sur fond de préjugé raciste entre blancs et gitans. C’est aussi un film noir, choral, de gangsters faudrait-il dire, ou de petits voyous qui rêvent grand, approchés avec douceur depuis leur cellule familiale.
Sa force calme, sans épate, presque fantomatique dans le froid hivernal, il le doit à cet ancrage singulier dans la deuxième plus petite municipalité du Portugal – ville natale du cinéaste –, cachée dans l’ombre de la capitale. Mais aussi à la frémissante proximité cultivée avec chaque personnage, volontiers médiocres, pris tour à tour dans des règlements de comptes et conflits de loyauté qui feront monter la violence crescendo, et racontent l’ambivalence entre vie choisie et