«Malgré les années, Cannes n’est toujours pas un festival du lin blanc.» Phrase saisie à la volée près du théâtre Croisette qui souligne une particularité immuable : à Cannes, le festivalier forme une masse à la fois disparate et anonyme. Que vous veniez en costume Stuart Hughes ou avec votre vieux sweat à capuche H & M, vous vous fondrez dans la masse. Votre haut en résille fluo comme votre tote-bag Chantal Akerman édition limitée passeront totalement inaperçus. Pourtant, sous la foule incessante et interchangeable, on lit les doutes, les douleurs, les questionnements – devant Monoprix, une festivalière vêtue d’une robe «ventilation maximale» taillée dans une tente trois pièces lance à une amie venue la rejoindre, horrifiée : «Je ne sais déjà plus quel jour on est» – on compatit.
Un contraste qu’on retrouve au cœur de l’Engloutie, présenté à la Quinzaine des cinéastes, formidable premier long métrage de Louise Hémon, 42 ans, documentariste, metteuse en scène de théâtre (