Il y a des films où les bébés sont joués par des poupées enveloppées dans des langes. Les comédiens bercent ces petits paquets inanimés comme des sacs de farine, remuent distraitement une poussette tout en jouant leur texte. On n’imaginerait jamais une telle combine chez les Dardenne, historiquement loués pour pétrir la glaise du réel à mains nues. Auraient-elles l’air si juvéniles et vulnérables, ces «filles-mères» au centre de leur nouveau long métrage, si l’on n’avait pas collé de vrais nourrissons dans les bras des actrices ?
Toutes sont constamment en train de foncer quelque part, s’extraire gauchement d’un bus, poursuivre un petit ami défaillant, semer une mère alcoolique – flèches d’opiniâtreté qui, comme toujours chez les Dardenne, traversent le film en guerrières. Elles arborent un même gabarit frêle, enfonçant le clou de cette jeunesse promise par le titre. Or il n’y a pas un plan qui permette d’oublier le poids de ces petits chargements vivants dans leurs bras, et l’insensée responsabilité qu’il représente.
Zèle pédagogique
Jeunes Mères suit le parcours de cinq (plus justement quatr