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Cannes 2025 : «la Petite Dernière», un cœur tout meuf

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Adaptation du roman éponyme de Fatima Daas, le lumineux film de Hafsia Herzi, porté par la révélation Nadia Melliti, bouleverse en suivant l’émancipation d’une jeune musulmane lesbienne.
Nadia Melliti et Ji-Min Park. (June films Katuh studio Arte)
publié le 16 mai 2025 à 20h50

Ça pleure à chaudes larmes, quand les lumières se rallument après la Petite Dernière, du premier au dernier rang. C’est d’avoir vu Fatima fondre en larmes elle-même juste avant, étranglée par le poids du secret qui ne sort pas, torturée par les mots doux de cette mère qui lui assure qu’elle peut tout entendre, qu’elle sera toujours là pour elle. Le film fait redouter le contraire, autant qu’il donne envie de la croire de toutes nos forces. Hafsia Herzi, actrice de génie et cinéaste à suivre jusqu’au bout du monde, a bien sûr raison d’arrêter le récit là où il s’arrête. Avec ce plan de Fatima concentrée sur son ballon de foot, altière et imperturbable, trop occupée à jongler de la tête pour nous soulager de ce qui a précédé.

Cette honte, qu’elle choisit d‘emporter tout au fond, sans s’en délivrer, nous a fait suffoquer avec elle (asthmatique, l’héroïne est littéralement étouffée par le déni de soi). La petite dernière est devenue notre petite sœur. Ce portrait intime de banlieusarde, franco-algérienne, lesbienne, musulmane pratiquante, et des nombreux courts-circuits provoqués par cette identité-là ont déjà donné un roman, du même nom, en forme