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Critique

Cannes 2025 : «l’Aventura» est paréo décollage avec Philippe Katerine

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En ouverture de la sélection de l’Acid, le road-trip sarde de Sophie Letourneur, bricolé à partir de ses enregistrements personnels, malmène sa cheffe de famille dans une narration joyeusement décousue.
« L’Aventura» de Sophie Letourneur, projeté en ouverture de la sélection parallèle de l’Acid. (Arizona Films)
publié le 14 mai 2025 à 6h00

Les plus bruyants de la plage, ce jour-là, ils l’ont encore été, tous les quatre, Sophie et Jean-Phi et les enfants, Claudine et Raoul : Sophie se souvient bien d’avoir eu un peu honte. Quel jour c’était déjà ? Le jour des glaces ou celui où il y avait un bar à mojito, quand Raoul a fait caca dans le sable ? C’était à la Bobba ou à l’autre, ou plus tard, quand ils dormaient au gîte chez Francesco ? Est-ce qu’ils sont restés une ou deux nuits ? Et pourquoi Claudine a pleuré ? Ils tentent de s’en souvenir, et de leurs tentatives de débriefer, des conversations bordéliques qu’ils enregistrent au fur et à mesure de leur road-trip en Sardaigne, un récit naît peu à peu, fragmentaire, et avec lui un film se déroule, frénétique, sur les traces des vacances. Le mélange, un chaos précis entièrement orchestré par le montage, entre le trop-plein d’informations et l’incertitude permanente sur ce qui a eu lieu, où et quand, fait le sel de l’Aventura de Sophie Letourneur, projeté en ouverture de la sélection parallèle de l’Acid, programmée par les cinéastes membres de l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion, en ce premier jour de Cannes 2025.

Où et quand déjà ? Ce «déjà» de la question est le mode temporel de l’Aventura, quelque part entre indicatif et conditionnel, le temps de l’anecdote floue, comme une troisième voie de l’existence. Floue mais aussi, sans aucun doute, intense, émotionnellement épuisante, comme un voyage en famille. En couple mais avec l