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Libération
Un certain regard

Cannes 2025 : «Le Mystérieux Regard du flamant rose», sur le queer-vive

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Au milieu du désert chilien des années 80, une petite fille grandit dans un cabaret trans. Un western bagarreur.
«Le Mystérieux Regard du flamant rose» de Diego Céspedes. (Arizona Films)
publié le 16 mai 2025 à 20h04

Dans les westerns, genre genré par excellence du cinéma américain (du Nord), le saloon est le lieu du cantonnement des femmes, celui aussi de la sociabilité risquée, entre bagarre et refuge. On pourrait imaginer un autre cinéma américain (du Sud) faire de ce décor si identifié autre chose, par exemple un abri queer dans le désert… Ce serait le Mystérieux Regard du flamant rose du jeune cinéaste chilien Diego Céspedes, où la cantina de Mama Boa sert de bar-cabaret et de maison à une communauté de maricas, une petite famille recomposée de personnes trans, travestis, pédés, au début des années 80, dans un village de mineurs de cuivre, isolé dans le Nord du Chili, à Atacama.

Alors qu’une étrange «peste» circule, mortelle, que les gens du coin craignent d’attraper en croisant le regard des habitantes de la cantina, Lidia est une enfant qui vit avec celles-ci – elles portent toutes des noms d’animaux, Boa, Estrella, Piraña, Leona – dont sa «mère», Flamenco (Flamant rose). Quand Lidia se fait maltraiter par une bande de garçons du coin au bord de l’étang pollué qui sert de baignade l’été, les maricas rappliquent pour la défendre, leur administrant une bonne correction. Quand sur les mêmes lieux la tragédie frappe Flamenco, victime de la violence masculine – celle qui est incapable d’aimer sans vouloir détruire –, elles prendront toutes soin de Lidia. Le western trans, avec ses ambiances de milieu de nulle part, de portes rouillées grinçant d