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Libération
Un certain regard

Cannes 2025 : «Le Rire et le Couteau», en route libre

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Le film-fleuve de Pedro Pinho, sur un ingénieur portugais venu faire une étude environnementale en Guinée-Bissau, glisse dans les méandres des désirs et des incertitudes.
Le film suit, la plupart du temps, le point de vue de Sérgio (Sérgio Coragem, à droite). (Météore Films)
publié aujourd'hui à 15h31

Le nouveau film de Pedro Pinho est une sorte de chef-d’œuvre dingue, dont un Festival de Cannes idéal montrerait, c’est sûr, les trois heures trente en compétition. On sait bien qu’à la fin ça n’a pas d’importance, les compétitions passent aussi, et les films sont les films. Comme les messages, les fleuves et les voyageurs, ils ne se perdent que pour mieux arriver à destination. Ou c’est l’inverse ? Ils n’arrivent à destination que pour mieux se perdre…

Recommençons. Les trois heures trente commencent, elles passeront en un éclair – une longue foudre suspendue, électricité lente dans le ciel de Bissau. O Riso e a Faca, le Rire et le Couteau, le nouveau film de Pedro Pinho – nouveau après l’Usine de rien (2017) – est là. «On est là» : c’est sa réplique-phare. A la question «Ça va ?», les personnages répondent «Je suis là», «on est là». Pas résignation, mais présence. Les gens de là, de Guinée-Bissau où le film se situe (où il arrive, s’agite, se débat, fait de vieux os) sont là, comme Diara (Cleo Diára). D’autres ne sont pas d’ici mais sont là pour rester, comme Guilherme (Jonathan Guilherme), qui est brésilien. Mais celui qui les rencontre, et dont le film suit, la plupart du temps, le point de vue, c’est Sé