Un marché de nuit à Taipei, ses dédales de ruelles chargées à ras bord d’appétissants gadgets et animées par les cris d’un camelot époumoné forment le cœur battant de Left-Handed Girl, le premier long métrage de l’Américano-Taïwanaise Shih-Ching Tsou projeté à la Semaine de la critique. Une mère célibataire revient dans la ville après des années d’absence avec ses deux filles pour ouvrir un stand de nouilles qu’elle espère tant bien que mal rentabiliser (ça va être compliqué). Sa grande ado, I-Ann (Shih-Yuan Ma), révoltée et boudeuse, tente sa chance dans un stand de bétel où elle doit vendre des noix à moitié dénudée, et sa fille cadette, I-Jing (Nina Ye), dont l’absolue mignonnerie menace au départ d’engloutir le film sous des litres de sirop de sucre, transforme le marché en terrain de jeu qu’elle arpente avec une convoitise grandissante.
Sinuant entre feel-good, gros mélo et fresque féminine, peuplé de personnages pas tous convaincants, le film est à son meilleur dans sa chronique d’un Taipei d’arrière-cuisine fait de galères et combines, où une aïeule en voie de déclassement se fait passeuse de clandestins vers les Etats-Unis et où l’échoppe du prêteur sur gages devient un lieu de passage familier.