Pauvre Georges ! Il vivait une existence lubrifiée de star de cinéma, dressing rempli de polos en soie imprimés, car-loge garé devant les studios depuis trente ans et pudding sans gluten à volonté… Et voilà que l’entourage du président égyptien Sissi, réélu comme chacun sait avec l’improbable score de 89,7 % en 2023, dix ans après son coup d’Etat de 2013, souhaite qu’il incarne le raïs dans un biopic à sa gloire. Georges a beau tenter de refuser, le voilà embarqué dans une aventure bien poisseuse, où il s’agira de mal jouer pour bien faire le job, et frayer de plus en plus loin dans les arcanes du pouvoir.
S’il y a quelque chose de délicieusement désuet à voir ici tant de croyance manifestée en les pouvoirs du cinéma, à l’heure où une armée de trolls et quelques fake news auraient aussi bien lustré l’image du président, c’est que les Aigles de la République, troisième long-métrage du Suédois d’origine égyptienne Tarik Saleh, pour la deuxième fois en compétition à Cannes, se veut lettre d’amour à