«L’art c’est soit la révolution soit du plagiat.» Gauguin cité par Jean-Luc à une table de café : devant l’alternative, le projet se précise. Nouvelle Vague, le film, l’autre, pas celui de Godard 1990, mais celui de Linklater 2025, sera donc ça, très assumé : le plagiat d’une révolution.
«Ceci est l’histoire de Godard tournant A bout de souffle, racontée dans le style et l’esprit de Godard tournant A bout de souffle», résume pour l’introduire le cinéaste d’Austin, Texas, celui de Slacker et de Boyhood. Et il ment un peu, ou plutôt, ses termes restent à définir.
C’est peut-être une histoire en effet, en tout cas Nouvelle Vague raconte, dans l’ordre des événements, une riche série d’épisodes qui reconstituent jour par jour le tournage, en août-septembre 1959, par une poignée de jeunes gens entrés dans la légende, d’un premier film qui allait changer les choses. Un making-of tourné soixante-cinq ans plus tard, la contrefaçon fictive d’un documentaire pris sur le vif, soigneusement fabriqué avec des acteurs choisis pour leurs folles ressemblances avec les originaux.
Plagiat élevé au rang de méthode
Quant au style et à l’esprit de Godard, supposément imités ici, oui et non : certes le noir et blanc décalqué de la pellicule Ilford contraste tout à la perfection, simulant avec distance autant que naturel le Paris de la fin des années 1950, mais, par exemple, aucun jump-cut interne aux plans, la figure de montage si caractéristique