En transe, c‘est l’état, visuel et sonore, dans lequel Sirat d’Oliver Laxe nous laisse, à la fois hagards et lucides, déboussolés et recentrés, à la fois choqués et étrangement guéris, au bout de ses deux heures lancées à travers le désert. Ce serait aussi bien deux mille ans, deux minutes.
C‘est un trajet, semé d’épreuves, celui annoncé par son titre, qui indique en arabe «le chemin» ou «la voie». Le texte de début raconte qu’à la fin des temps, on emprunte le pont Al-Sirat pour passer au-dessus de l’enfer en direction du paradis. Suspendu au-dessus du terrible sur la voie de l’extatique, Sirat traverse les paysages de western du sud du Maroc avec Luis (Sergi López). On le rencontre, perdu au milieu d’une rave au milieu des sables, quinquagénaire espagnol déparant dans la foule des fêtards défoncés, trépidants, des Européens qui dansent à fond sur la techno trance qui sort en ondes de choc d’un mur de son posé là, au milieu de nulle part, en bonne machine de guerre nomade.
Luis est à la recherche de sa fille, accompagné de son fils Esteban (Bruno Núñez), encore un enfant, il distribue des affichettes avec un portrait sous «Missing» : Marina, 20 ans, n’a pas donné de nouvelles depuis cinq mois. Quand l’armée marocaine débarque en tanks pour disp