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Cannes 2025 : «Sound of Falling», le rude des foins

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Du début du XXe siècle à nos jours, l’Allemande  Mascha Schilinski imagine les existences lamentables de quatre filles vivant dans une ferme.
Angelika (Lena Urzendowsky), l’une des paysannes tristes de Schilinski. (Fabian Gamper/Studio Zentral)
publié le 14 mai 2025 à 20h44

Le privilège de Cannes est de permettre de découvrir des films avec le minimum d’information, le jeu pouvant même consister à surtout ne rien lire au préalable afin de voir le film dans son pur surgissement. C’est l’option favorable qui peut se trouver démentie rapidement par le sentiment de se prendre dès le saut du lit un geyser de vinaigre de vin blanc dans les yeux pendant qu’une porte vous claque bruyamment sur les doigts. Sound of Falling était un peu un invité mystère. Réalisé par l’Allemande Mascha Schilinski – qui n’avait pas signé de long-métrage depuis Die Tochter en 2017 –, il était précédé de la réputation d’ambitieuse fresque paysanne.

En effet, pendant deux heures trente, s’y juxtapose dans un savant montage a-chronologique des fragments de l’existence de quatre filles, soit dès l’enfance soit à l’adolescence, dont les existences sont toutes étroitement liées à leur ancrage au cœur d’une même ferme, presque immuable d’une génération à l’autre. La cinéaste s’est intéressée dans ses travaux de recherches préparatoires à l’écriture du scénario aux motifs des existences invisibilisées ou silencieuses, ces femmes de la ruralité, soit épouse de fermiers so