Un personnage. Oscar Restrepo (Ubeimar Rios) a jadis remporté un prix du meilleur jeune poète colombien, mais n’a pas écrit grand-chose de valable depuis longtemps. Quand il boit par contre, il se lance dans des soliloques furieux, criant sur tout le monde et n’importe qui sa défense de José Asunción Silva, le poète du billet de 5 000 pesos, contre ce vendu de Gabriel García Márquez, qui frime sur celui de 50 000, avant de se réveiller allongé par terre dans la rue. Il a une mère aux crochets de qui il vit, une fille qui ne veut plus avoir affaire à lui. Bref, personne n’en peut plus de lui.
Alors qu’après une intervention musclée de son entourage, il tente de se reprendre, en embrassant la sobriété et un job de prof de lycée, il s’aperçoit que sa jeune élève Yurlady (Rebeca Andrade), 15 ans, écrit des poèmes magnifiques, et décide de la pousser à concourir à son tour au prix du poeta joven. Mais cette Yurlady, sorte de Will Hunting ado des quartiers populaires de Medellín qui se fiche de tout, surtout de la gloire, et demande juste qu’on la laisse en paix, ne se laisse pas si vite convaincre…
La pirouette, la blague ou la provocation
Se lançant avec fureur, de façon résolue, quasi-oulipienne, à la recherche d’une forme aux antipodes du naturalisme social formaté qu’aurait pu exiger son argument, Un poète multiplie les gestes de couper court (les plans, les scènes, les situations), s’en tirant par la pirouette, la blague ou la provocation, dans le but d’aider au maximum ses deux personnages à échapper