Un premier long métrage sur le parcours d’un jeune sans-abri projeté à Cannes, est-ce bien raisonnable ? Sur la Croisette, on ne fait pas couler les larmes des spectateurs endimanchés sans risquer de les voir s’essuyer la joue avec leur sac à main de luxe, ou avec leur carton d’invitation à la prochaine sauterie branchée de la plage Magnum. Et à la différence du grand précédent cinématographique Panique à Needle Park (ou à son hommage officieux Mad love in New York par les Safdie), le film d’Harris Dickinson n’a pas même l’argument d’une histoire d’amour au premier plan pour tenir le vérisme glauque à distance. Devant Urchin, on n’aura pourtant jamais l’impression de consommer un mélo doloriste sur le sans abrisme, sculpté dans la pitié, ou le portrait héroïque d’un junkie pour charognards de la misère.
Energie du désespoir
Un certain tempérament anglais s’affûte sans doute dans le sens de l’humour, amer, sec, très bien vu, avec le