Ça sent l’écurie. Le festivalier presse hagard a déjà perdu cinq fois son accréditation et hier encore ses clefs de chambre, cassé sa pédale de vélo, s’est mangé une trottinette, une portière de bagnole, slalomant entre les sens interdits, les flics et les caniches survoltés, pris 27 kilos après deux semaines de station vautrée et une double intraveineuse de houmous et de pizza, déchiré sa chemise neuve en voulant traverser la foule hystérique qui, le couteau entre les dents, tentait de voir un morceau de Tom Hanks à l’entrée de la fête Elvis, s’est fait blacklisté par un nouveau contingent de distributeurs furieux qui ne s’attendait pas à ce qu’il casse le produit pour le mettre en vitrine, a vendu père et mère pour une interview fleuve de 2 minutes 15 avec le sosie de Tom Cruise, un accès VIP pour une projo ultrasecrète (pour laquelle, on n’invente rien, il fallait, comme aux oscars, avoir été «nommé») d’un film finalement consternant, a rongé ce qui lui restait d’ongles devant le site de réservation de billets en ligne (un genre de Parcoursup quotidien avec sa foire d’empoigne aux tickets tous les matins à 7 heures pile en croquant du Xanax), a comaté après une nuit de débats cinéphiles avec des go-go dancers torse nu (ou l’équipe des Cahiers, ce n’est plus très clair, la vodka-ging
Marches attaque
Cannes terminus, tout le monde descend tout le monde
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Cannes, le 25 Mai 2022. AMbiance Festival de Cannes (Boby/Libération)
par Didier Péron
publié le 26 mai 2022 à 20h21