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Rétrospective Carlos Saura : les 4 films indispensables du cinéaste espagnol

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La rétrospective «les années rebelles (1966-1980)» célèbre le cinéaste mort en février, qui s’est évertué à dynamiter à la fois les codes narratifs et les stigmates du franquisme.
Avec «Elisa, mon amour», Saura livre son œuvre la plus audacieuse et personnelle. (Tamasa)
publié le 8 avril 2023 à 20h56

Décédé en février à l’âge de 91 ans, Carlos Saura, grand inventeur de formes et chaînon manquant entre Buñuel et Almodóvar, aura explosé les codes de la narration classique, tout en atomisant les travers de la société espagnole verrouillée par quarante ans de franquisme, déjouant habilement la censure. En témoigne une dizaine de films réalisés entre 1965 et 1980, et ressortis en salles. Pour qui voudrait découvrir ce cinéaste, voici donc quatre œuvres indispensables.

«Anna et les Loups» et «Maman a cent ans»

Confronter un visage à des paysages, une tradition qui lui sont étrangers… Sur ce canevas rossellinien, Carlos Saura scellait une longue et féconde collaboration avec Geraldine Chaplin. Dans Anna et les loups (1973), jeune fille au pair débarquant dans une riche propriété castillane, elle est un corps étranger dont la présence suffit à mettre à nu la folie sclérosée d’une famille, paradigme de l’Espagne franquiste : dominés par une mère impotente, volubile et tyrannique, tel un Franco gâteux, les trois fils – José, l’aîné autoritaire féru d’armes à feu et d’uniformes, le cadet Fernando, anachorète mystique, et le dernier Juan, père de famille frustré – représentent les trois piliers de la dictature : l’armée, la religion et l’ordre moral. Saura, qui jusque-là avait toujours rusé avec la censure, procédant par l’allégorie et détours volontairement confus, assume ici