C’est un centenaire discret et pourtant, sans lui, les brumes enchantées de l’heroic fantasy n’auraient probablement jamais gagné les salles obscures. Sans les Nibelungen (1924) de Fritz Lang, épopée fantastique de quelque quatre heures trente, sertie d’éclats et de ténèbres dans un écrin pictural, moderniste et art nouveau, pas de Seigneur des anneaux, d’Excalibur ni de Game of Thrones. Et pourtant… difficile de dissiper le parfum de soufre qui le précède.
Violent jusqu’à l’hubris
Maudit. Comme le trésor des filles du Rhin, source de chaos, passé de mains en mains, du nain Alberich au héros Siegfried, du falot Gunther au félon Hagen, pour finir englouti dans les eaux troubles du fleuve, le somptueux diptyque de Lang, s’inspirant d’une fameuse légende germanique du XIIIe siècle, est un bijou maudit, longtemps couvert d’opprobre et soustrait au regard, avant qu’une restauration en 1986, puis en 2011, n’en ressuscite la splendeur, mise en lumière dans ce beau coffret Blu-ray édité par Potemkine. La raison de sa disgrâce ? L’idéologie nationaliste dont le film serait empreint. Le fait est qu’il fut amplement salué par Goebbels, et qu’il fera l’objet d’une récupération par les nazis en 1933, un remontage du film, détourné à des f