Révélation masculine pour Bastien Bouillon, meilleur second rôle masculin pour Bouli Lanners, meilleur son à François Maurel, Olivier Mortier et Luc Thomas, meilleure adaptation pour le duo Gilles Marchand et Dominik Moll, ce dernier récupérant aussi celui de la meilleure réalisation, le polar sur un féminicide irrésolu, la Nuit du 12 est le grand gagnant de la soirée et jusqu’à décrocher le César du meilleur film, alors que pendant plusieurs années une règle (d’ailleurs absurde) voulait qu’il ne soit pas possible de cumuler réalisation et meilleur film. La comédie d’auteur l’Innocent de Louis Garrel, a priori favori puisque le plus nommé dans 11 catégories, permet à Noémie Merlant de décrocher le prix de la meilleure actrice dans un second rôle et à Garrel le césar du meilleur scénario original partagé avec Tanguy Viel et Naïla Guiguet mais il s’agit néanmoins d’une déconvenue pour l’équipe au regard des attentes suscitées par sa place de choix en début de soirée.
Notre bilan de la soirée
Ouverte en fanfare par Jamel Debbouze, la seule personne en France capable de casser d’entrée de jeu le fameux malaise des Césars – ce rire généralement crispé qui lance la soirée sur de très mauvaise base de fausse décontraction – la 48e cérémonie s’est déroulée sans anicroche ou presque ce vendredi soir à l’Olympia. On l’a beaucoup dit, cette année, le couac de l’absence des réalisatrices dans la catégorie meilleure réalisation est d’ores et déjà atténué par une forte présence des femmes récompensées dans diverses catégories puisque de Michaela Pavlatova, césar du meilleur film d’animation pour Ma famille afghane à Saint-Omer d’Alice Diop, meilleur premier film, en passant par la compositrice Irène Drésel pour la bande originale d’A plein temps, le sentiment d’un mouvement de fond d’un renouvellement paritaire est lisible. Les deux films les plus nommés, l’Innocent et la Nuit du 12 sont par ailleurs produit par des productrices, Anne-Dominique Toussaint pour le premier, Carole Scotta et Barbara Letellier pour le second.
Le prix de la meilleure comédienne va à Virginie Efira qui comme elle l’a dit avec humour ayant tourné «63 films cette année» avait mis toutes les chances de son côté. C’est finalement sa prestation de victime des attentats du 13 novembre dans Revoir Paris d’Alice Winocour qui lui permet de décrocher pour la première fois un césar. L’apparition surprise de Brad Pitt pour remettre le césar d’honneur à David Fincher qui l’a révélé dans Seven a soulevé l’assistance en une houle de glamour hollywoodien d’évidence aussi galvanisante qu’une injection de dopamine. Pour le coup, le show était objectivement moins plombé que d’habitude et dominé par des nombreuses adresses aux femmes, à la fois par le renouvellement qu’elles apportent à la profession mais aussi comme victime persistante d’une violence masculine dont la Nuit du 12 fait son sujet, son souci, qui a su convaincre aussi bien le public avec plus de 500 000 entrées en France et cette moisson de statuettes par le vote des membres de l’Académie.
A lire aussi
César du meilleur espoir féminin
Nadia Tereszkiewicz dans les Amandiers
Marion Barbeau dans En corps ; Guslagie Malanda dans Saint Omer ; Rebecca Marder dans Une jeune fille qui va bien ; Mallory Wanecque dans les Pires
César du meilleur espoir masculin
Bastien Bouillon dans la Nuit du 12
Stefan Crépon dans Peter Von Kant ; Dimitri Doré dans Bruno Reidal, confession d’un meurtrier ; Paul Kircher dans le Lycéen ; Aliocha Reinert dans Petite Nature
César du meilleur court métrage de fiction
Partir un jour réalisé par Amélie Bonnin
Haut les cœurs réalisé par Adrian Moyse Dullin ; Le Roi David réalisé par Lila Pinell ; Les Vertueuses réalisé par Stéphanie Halfon
César des meilleurs costumes
Gigi Lepage pour Simone - le voyage du siècle
Caroline de Vivaise pour les Amandiers ; Jean-Pierre Larroque pour Couleurs de l’incendie ; Emmanuelle Youchnovsky pour En attendant Bojangles ; Corinne Bruand pour l’Innocent ; Praxedes de Vilallonga pour Pacifiction
César des meilleurs décors
Christian Marti pour Simone - le voyage du siècle
Emmanuelle Duplay pour les Amandiers ; Sebastian Birchler pour Couleurs de l’incendie ; Michel Barthélémy pour la Nuit du 12 ; Sebastian Vogler pour Pacifiction
César du meilleur premier film
Saint Omer réalisé par Alice Diop, son interview lors de la sortie du film à (re)lire ici
Bruno Reidal, confession d’un meurtrier réalisé par Vincent Le Port ; Falcon Lake réalisé par Charlotte Le Bon ; Les Pires réalisé par Lise Akoka et Romane Gueret ; Le Sixième enfant réalisé par Léopold Legrand
César du meilleur court métrage d’animation
La Vie sexuelle de mamie réalisé par Urska Djukic et Emilie Pigeard
Câline réalisé par Margot Reumont ; Noir-Soleil réalisé par Marie Larrivé
César du meilleur film d’animation
Ma famille afghane, réalisé par Michaela Pavlatova
Ernest et Célestine : le voyage en Charabie, réalisé par Jean-Christophe Roger et Julien Chheng; Le Petit Nicolas. Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, réalisé par Amandine Fredon et Benjamin Massoubre
César du meilleur son
François Maurel, Olivier Mortier et Luc Thomas pour la Nuit du 12
Cyril Moisson, Nicolas Moreau et Cyril Holtz pour En corps ; Laurent Benaïm, Alexis Meynet et Olivier Guillaume pour l’Innocent ; Cédric Deloche, Alexis Place, Gwennolé Le Borgne et Marc Doisne pour Novembre ; Jordi Ribas, Benjamin Laurent et Bruno Tarrière pour Pacifiction
César de la meilleure actrice dans un second rôle
Noémie Merlant dans l’Innocent. Son portrait à retrouver là
Judith Chemla dans le Sixième enfant ; Anaïs Demoustier dans Novembre ; Anouk Grinberg dans l’Innocent ; Lyna Khoudri dans Novembre
César de la meilleure musique originale
Irène Drésel pour A plein temps
Alexandre Desplat pour Coupez ! ; Grégoire Hétzel pour l’Innocent ; Olivier Marguerit pour la Nuit du 12 ; Marc Verdaguer et Joe Robinson pour Pacifiction ; Anton Sanko pour les Passagers de la nuit
César du meilleur court métrage documentaire
Maria Schneider, 1983 réalisé par Elisabeth Subrin
Churchill, Polar Bear Town réalisé par Annabelle Amoros ; Ecoutez le battement de nous images réalisé par Audrey et Maxime Jean-Baptiste
César du meilleur film documentaire
Retour à Reims (fragments) réalisé par Jean-Gabriel Périot
Allons enfants réalisé par Thierry Demaizière et Alban Tuerai ; Les Années super 8 réalisé par Annie Ernaux et David Ernaux-Briot ; Le Chêne réalisé par Laurent Charbonnier et Michel Seydoux ; Jane par Charlotte réalisé par Charlotte Gainsbourg
César des meilleurs effets visuels
Laurens Hermann pour Notre-Dame brûle
Guillaume Marien pour les Cinq Diables ; Sébastien Rame pour Fumer fait tousser ; Mikaël Tanguy pour Novembre ; Marco del Bianco pour Pacifiction
César du meilleur film étranger
As Bestas réalisé par Rodrigo Sorogoyen
Close réalisé par Lukas Dhont ; La Conspiration du Caire réalisé par Tarik Saleh ; Eo réalisé par Jerzy Skolimowski ; Sans filtre réalisé par Ruben Östlund
César de la meilleure photographie
Artur Tort pour Pacifiction
Julien Poupard pour les Amandiers ; Alexis Kavyrchine pour En corps ; Patrick Ghiringhelli pour la Nuit du 12 ; Claire Mathon pour Saint Omer
César du meilleur montage
Mathilde Van de Moortel pour A plein temps
Anne-Sophie Bion pour En corps ; Pierre Deschamps pour l’Innocent ; Laure Gardette pour Novembre ; Laurent Rouan pour la Nuit du 12
César de la meilleure réalisation
Dominik Moll pour la Nuit du 12
Cédric Klapisch pour En corps ; Louis Garrel pour l’Innocent ; Cédric Jimenez pour Novembre ; Albert Serra pour Pacifiction
César du meilleur scénario original
Louis Garrel, Tanguy Viel et Naïla Guiguet pour l’Innocent
Eric Gravel pour A plein temps ; Valeria Bruni Tedeschi, Noémie Lvovsky et Agnès de Sacy pour les Amandiers ; Cédric Klapisch et Santiago Amigorena pour En corps ; Alice Diop, Amrita David et Marie Ndiaye pour Saint Omer
César de la meilleure adaptation
Gilles Marchand et Dominik Moll pour la Nuit du 12
Michel Hazanavicius pour Coupez ! ; Thierry de Peretti et Jeanne Aptekman pour Enquête sur un scandale d’Etat
César du meilleur acteur dans un second rôle
Bouli Lanners dans la Nuit du 12. On l’avait croisé à Cannes
François Civil dans En corps ; Micha Lescot dans les Amandiers ; Pio Marmaï dans En corps ; Roschdy Zem dans l’Innocent
César de la meilleure actrice
Virginie Efira dans Revoir Paris
Fanny Ardant dans les Jeunes Amants ; Juliette Binoche dans Ouistreham ; Laure Calamy dans A plein temps ; Adèle Exarchopoulos dans Rien à foutre
César du meilleur acteur
Benoît Magimel dans Pacifiction. Il avait répondu aux questions de Libé à la sortie du film
Jean Dujardin dans Novembre ; Louis Garrel dans l’Innocent ; Vincent Macaigne dans Chronique d’une liaison passagère ; Denis Ménochet dans Peter Von Kant
César du meilleur film
La Nuit du 12 produit par Caroline Benjo, Barbara Letellier, Carole Scotta et Simon Arnal, réalisé par Dominik Moll
Les Amandiers produit par Alexandra Henochsberg et Patrick Sobelman, réalisé par Valeria Bruni Tedeschi ; En corps produit par Bruno Levy, réalisé par Crédit Klapisch ; L’Innocent produit par Anne-Dominique Toussaint, réalisé par Louis Garrel ; Pacifiction produit par Pierre Olivier Bardet, réalisé par Albert Serra