Miguel Littin attend à l’heure dite derrière la grille de l’ancien congrès, à mi-chemin entre la Plaza de Armas et la Moneda, le palais présidentiel, au cœur de Santiago. Le garde à l’entrée lui sert du «Don Miguel, vous attendez quelqu’un ?» Sa présence permet même d’éviter les portiques de sécurité. Il n’en a pas toujours été ainsi. Le cinéaste-écrivain chilien, 81 ans, qui fait l’objet d’une rétrospective en accès libre sur le site de la Cinémathèque du Chili, est réapparu sur les écrans des chaînes d’infos en continu le 7 mai, à l’heure de l’élection des 51 conseillers constituants chargés de réécrire le texte fondateur du pays andin, hérité du règne d’Augusto Pinochet en 1980.
Présenté par le Parti socialiste, presque malgré lui, il s’est retrouvé à siéger auprès d’une majorité d’élus d’extrême droite (23 membres), hostiles par principe à un remix de la Magna Carta, lui, qui faisait partie des milliers d’opposants persona non grata qui ont fui la dictature après le coup d’Etat du 11 septembre 1973, sous peine d’être torturés ou passés par les armes. «La vie réserve parfois de drôles de surprises. Je suis venu ici tourner un film en tant que clandestin en 1985 (Actas de Chile) et voilà que je fais désormais partie de l’officialismo. Maintenant, en tout