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Libération
Regard persan

«Chroniques de Téhéran», Iran tyrannisé

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Composé de neuf scènes de vie sur l’enfer quotidien des Iraniens, le film extrêmement mordant finit par être anesthésié par son dispositif répétitif.
«Chroniques de Téhéran» d’Ali Asgari et Alireza Khatami. (ARP Selection)
publié le 13 mars 2024 à 5h55

Le film commence par un long plan aérien de Téhéran, qui sort progressivement de la nuit et se met en branle, à coups de sirènes, brouhaha, bruits de transport. Si ce n’était l’Elbourz en arrière-plan, ça pourrait être aussi bien Toronto, Madrid ou Berlin. Une ville où le jour se lève chaque matin, une machine complexe, dense, mais qui fonctionne. Et rend furieusement inconcevable ce qui suit – neuf vignettes distinctes, filmées au format 4:3, où des habitants de Téhéran se voient confrontés à leur enfer quotidien. Un homme venu enregistrer son fils à l’état civil se voit refuser le prénom choisi sous prétexte qu’il n’est pas assez iranien. Une jeune fille qui répète une chorégraphie, écouteurs sur les oreilles dans une boutique de vêtements, disparaît bientôt sous le hijab et l’abaya que sa mère est contrainte de lui acheter pour la rentrée. Une lycéenne est interrogée par la directrice de son école après avoir été vue en compagnie d’un garçon. Très vite, en quelques phrases, tout devient absurde, violent, vertigineux. Et, au départ, plutôt drôle – la scène de la lycéenne se termine même par une jolie pirouette cathartique.

Mais à mesure que le film avance, le sourire, déjà acide, s’efface. Le clou est enfoncé de plus en plus salement – une jeune femme se retrouve aux prises avec un recruteur-prédateur, un homme voit sa foi durement mise à l’épreuve pour un CDD de trois mois, une femme tente de récupérer son chien enlevé par la police. L’épreuve est doublement cuisante pour