C’est quoi, au fond, un film américain indépendant ? La question se pose alors que s’ouvre ce jeudi 23 janvier la 41e édition du festival de Sundance dans l’Utah, place forte pour le lancement d’œuvres en marge de la grosse industrie depuis plus de trente ans (en tête d’affiche cette année, le très à-propos Rebuilding avec Josh O’Connor sur un fermier qui perd tout dans un incendie, la comédie musicale d’horreur Opus avec Ayo Edebiri et John Malkovich…), quoiqu’en perte d’influence ces dernières années.
Tient-on vraiment là un outil conceptuel éternellement pertinent, plus d’un demi-siècle après la chute des grandes majors et l’essor d’un authentique contre-pouvoir porté, initialement, par les barbus du Nouvel Hollywood, puis repris les décennies suivantes par une tenace tradition de maisons autonomes (United Artists, Dino De Laurentiis, Miramax…) ? Peut-on encore s’en servir pour distinguer ceux qui, en 2025, sont libres et ceux qui ne le sont pas, ceux qui expérimentent et ceux qui produisent en série, ceux qui obéissent au marché et ceux qui ne jurent que par leur inspiration sacrée ?
La notion ne cesse de s’obscurcir, dans un paysage peuplé de formes évoluées ou décadentes de l’indépendance, telle qu’on la définissait en d’autres temps plus simples. Il y a déjà bien longtemps que la frontière entre grands studios financiarisés tenus par des nababs à gros havane et petits groupuscules de contestataires désargentés s’est noyée, après que les premiers ont phagoc