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Libération
Prévention

Un «responsable enfants» obligatoire sur les plateaux de tournages avec des mineurs dès cet été

Depuis le festival de Cannes, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a annoncé samedi 18 mai la création d’un «responsable enfants» et en fait une condition pour toucher des aides publiques.
Judith Godrèche et des membres d'associations de défense des femmes ayant subi des violences posent pour une photo de groupe, dans le cadre du mouvement #MeToo, sur les marches du Palais des festivals, à Cannes, jeudi. (Stephane Mahe/Reuters)
publié le 19 mai 2024 à 10h46

Une avancée significative pour la protection de l’enfance dans le monde du cinéma. Réclamée par Judith Godrèche, la présence d’un «responsable enfants» sera obligatoire dès cet été sur chaque tournage employant des mineurs, a annoncé, samedi 18 mai depuis le festival de Cannes, la ministre de la Culture, Rachida Dati. «Il s’agira d’une condition d’accès aux aides du CNC», le Centre national de la cinématographie, a précisé la ministre, en déplacement au festival de Cannes.

Les aides du CNC étaient déjà conditionnées à la participation des professionnels du cinéma à des formations sur le sujet, obligation étendue désormais à l’ensemble de l’équipe des films. L’actrice Judith Godrèche, qui a présenté jeudi au festival de Cannes son court-métrage Moi aussi dénonçant les violences sexuelles, avait appelé à chambouler le système en «imposant» la présence d’un référent «formé» et indépendant afin qu’«un enfant ne soit jamais laissé seul sur un tournage».

Cette obligation fait également suite à la signature, vendredi, de deux avenants à la convention collective nationale de la production cinématographique qui encadrent la protection des mineurs sur les tournages afin de prévenir les violences et harcèlements sexistes et sexuels (VHSS). Le premier, qui concerne les violences sexuelles, vise à améliorer «la formation des équipes techniques et artistiques» et «prendre en compte les risques spécifiques à certains métiers, notamment en créant […] un rôle de référent sur les films» - c’est chose faite - ou en définissant des préconisations pour les castings et le tournage de scènes d’intimité.

Le second porte sur les conditions d’emploi des artistes de moins de 16 ans et sur les dispositifs de protection qui leur sont dédiés. Les partenaires sociaux avaient déjà mis en place en 2020 une cellule d’écoute psychologique et d’accompagnement juridique dédiée aux victimes et témoins de violences sexuelles dans le secteur, puis en 2022 un kit de prévention sur les situations à risque.

«Nous entendons et nous agissons»

«Si la libération de la parole sur ces phénomènes de violence longtemps passés sous silence est progressivement rendue possible, des progrès sont encore nécessaires pour permettre aux signalements d’émerger le plus tôt possible pour les prendre en compte et les traiter immédiatement», peut-on lire dans les avenants. «Nous entendons et nous agissons», ont réagi dans un communiqué commun de nombreux syndicats du monde du cinéma.

«Au cours des prochains mois, l’efficacité de ces dispositions sera attentivement suivie par les partenaires sociaux et pourra être renforcée de mesures complémentaires sur lesquelles nous avons d’ores et déjà engagé des réflexions paritaires» notamment concernant la «certification des coordinateurs d’intimité» ou «l’intégration de la prévention des VHSS dans les cursus d’enseignement supérieur».

Une commission d’enquête de l’Assemblée nationale, réclamée là encore par Judith Godrèche et consacrée aux violences sur les tournages de cinéma mais aussi dans le spectacle vivant, l’audiovisuel, la publicité et la mode, doit débuter ses auditions le 22 mai et remettre son rapport début novembre.