Il n’est peut-être pas d’autre cinéaste qui incarne à ce degré la quintessence de l’âge d’or d’Hollywood, son faste autant que sa folie. Attaché toute sa carrière à la MGM, Vincente Minnelli a fait du spectacle, de l’art, de la couleur et des affects la matière même de ses films, des comédies musicales aux mélodrames incandescents. Mais cette rétrospective d’été est aussi l’occasion d’un cheminement plus secret à travers quelques films moins connus, possible «itinéraire bis» au cœur d’une œuvre pavée de sublimes petits cailloux, même au-delà des chefs-d’œuvre immémoriaux.
A commencer par The Clock, objet noir et blanc assez conceptuel de 1945 : la naissance d’un amour à New York durant les quarante-huit heures de transit en ville d’un jeune homme qui part à la guerre, avec une jeune citadine (Judy Garland). Ponctué de digressions aux côtés de ceux qui peuplent la nuit urbaine (piliers de bar, livreurs de lait), The Clock est une romance express hantée par l’urgence, l’inquiétude (le départ à la guerre) et la peur du «jamais plus» quand par mégarde ils se perdent dans le métro. Le film contient une scène de rapprochement aussi étrange que délicate, lorsque les deux amoureux sont comme poussés l’un vers l’autre par les sons de la ville dans Central Park, tels deux insectes guidés aux ultrasons dans une sorte de ballet non dansé qui préfigure le mythique