Le néoréalisme a moins bonne presse que la Nouvelle Vague ; on prend plus rarement en référence le grand aîné venu d’Italie, cette génération spontanée de cinéma de la Libération, saut décisif dans le vide réel, pas encore auteuriste mais déjà impur, dont on n’a pas célébré cette année les 80 ans (si l’on date bien sa naissance de 1945 avec Rome, ville ouverte). Ciudad sin sueño vient alors faire une piqûre de rappel, avec ses acteurs «non professionnels», ses personnages Roms tels qu’en eux-mêmes, en famille et en communauté, suivis dans les méandres de Cañada Real, gigantesque bidonville non loin de Madrid s’étendant sur des kilomètres de rase campagne et de terrains vagues, entre petite délinquance, trafics, démerde, chasse au lapin et ferrailleurs biffins, puis grande destruction au fur et à mesure des habitats de fortune sans eau ni électricité par les tractopelles de promoteurs vautours.
Le néoréalisme, cette école de la rue et de la prise directe, à hauteur d’homme, de femme et d’enfant, inspire pourtant un grand nombre de films semi-documentaires actuels, avec la vogue du reenactment qui titille la critiq