On est à Saïgon en avril 1975, à l’aube de la prise de la ville par les forces nord-vietnamiennes. Un tournant qui marquera la fin de la guerre du Vietnam, et le début de la réunification du pays sous un seul régime communiste. On est aussi dans les souvenirs de jeunesse pastel de Jeanne, née en 1959, sexagénaire aujourd’hui, dont la voix off ravive tout un paradis de sensations d’enfance. S’ébrouent donc à l’écran les images d’un bonheur longtemps préservé de la guerre qui gronde aux portes : il y a la luxuriance des jardins dans le cocon bourgeois qui l’a vue naître, la magie des moments passés au club hippique sur le dos d’une jument adorée, le faste des fêtes et processions traditionnelles dans les rues. Tout cela évoqué à traits radieux dans le documentaire animé à l’aquarelle d’Elsa Duhamel, dans un doux fracas de couleurs pour mieux restituer ensuite la déflagration et l’arrachement que représentera l’exil pour la fillette. Boutée hors de son Eden, Jeanne est contrainte de fuir jusqu’en France parmi la première vague de boat people.
Illusions pas encore perdues
Bach-Hông est l’un des trois courts métrages réunis à l’initiative du studio des Ursulines (récemment lancé dans la distribution), dans un programme à destination du jeune public et thématisé autour du déracinement. A la douceur de vivre en péril de ce premier segment tout en lavis mauves et orange, répond l’émotion à l’os du film de Saïd Hamich Benlarbi le Départ (plus récemment auteur du