De 1927 à 1932, au cours des cinq années de transition entre muet et parlant – en Angleterre l’arrivée du cinéma sonore date de 1929 –, Alfred Hitchcock réalise quinze longs métrages. Soit plus de deux films par an. Sept muets, sept parlants, et au beau milieu la charnière qu’est Chantage (1929) considéré comme le premier «talkie» du Royaume-Uni. Film-charnière à tous les sens, pour le cinéma et pour son jeune réalisateur, déjà célèbre depuis les Cheveux d’or (1927), premier film de serial killer quatre ans avant M le maudit en Allemagne. Chantage est un film commencé en version muette dont une version doublée, parlante, fut réalisée en cours de route. De la part d’un tel cinéaste du double et de la doublure, du dédoublement, soit comme méprise (thème du faux coupable), soit comme reprise et déprise de soi (la double femme dans Sueurs froides par excellence), cet exercice de faire deux fois le même film, avec deux techniques, la muette qu’il maîtrisait déjà (et considérait supérieure) et la sonore qu’il adopta naturellement tant ses films muets sont déjà plein de dialogues, est éminemment… parlant.
Les dix films de cette période anglaise proposés et édités par Carlotta, en salle et en coffret Blu-ray, sont ceux produits par le British International Pictures, à l’exclusion de trois longs tournés par Hitchcock pour Gainsborough Pictures ces mêmes années (les Cheveux d’or, C’est la vie, Le passé ne meurt pas). Puisque la politique des au